Invitation au 85ème anniversaire du 110ème RI

Le 24 mai 1940, la section commandée par le lieutenant LEBRUN du 21ème bataillon du 110ème Régiment d’Infanterie est chargée de reconnaitre la partie sud de Watten. Le 25 mai, le capitaine LEFEBVRE tente de dégager la section du lieutenant LEBRUN, qui se défend farouchement face à un adversaire supérieur
en nombre et en moyen de feu. A 13 heures, la section du lieutenant LEBRUN, complètement encerclée, après avoir épuisé toutes ses munitions, se voit contrainte à se rendre.
Les prisonniers sont alors emmenés vers Houlle, par le chemin de halage, escortés par 3 SS. Tout au long de cette marche, ils sont l’objet de menaces et d’insultes. Puis leur chemin s’arrête en ces lieux, au hameau de Vincq, où ils sont enfermés pour la nuit.
Le 26 mai, à 6 heures du matin, deux SS ayant passé la nuit à s’enivrer et voulant venger leurs camarades tués au cours du combat, firent aligner les onze prisonniers contre le mur et leur tirèrent dans les jambes.
Après plusieurs heures d’agonie, les survivants furent achevés d’une balle de révolver. Le soldat LEFEBVRE qui avait tenté de s’enfuir fut abattu dans le parc derrière le château.
La section était commandée par le Lieutenant Georges LEBRUN, de Willeman dans la PDC, tué la veille de ses 25 ans. Le lieutenant Albert DEPOERS, de Spycker dans le Nord (25 ans); Le Caporal Chef Gaston LELEU de Calais (25 ans) ; Les soldats Alféria PIERRE de Divion (24 ans); Alphonse DEGEYTTER de Roubaix (24 ans); Léon DEVRAINNE de Calais (26 ans); Maurice LAINNé de Bully les Mines (24 ans) ; Michel LEFEBVRE de Ardres (25 ans); Maurice ROUSSEL de Conchil le Temple (24 ans) ; Louis SEBERT de Lens (26 ans); et de François TISON de Bruay en Artois ( 26 ans).
Un monument a été érigé et inauguré le 4 août 1946, en ce lieu même où s'est déroulé ce drame. Les noms des onze soldats gravés sur ce monument témoignent de notre ultime reconnaissance envers eux, tout comme ceux des hommes et des femmes qui ont vécu ou sont nés à Houlle et qui figurent sur le fronton des monuments aux morts, ici ou ailleurs.
Aujourd'hui, soyons dignes de ceux qui ont perdu la vie pour l'honneur de leur pays, victimes de l'un des crimes les plus abominables de la Seconde Guerre mondiale. N'oublions jamais leur sacrifice, ni celui de ceux qui ont payé le prix du sang pour que se lève à nouveau le soleil de la liberté.
Rendre hommage à la mémoire des onze fusillés, il y a quatre-vingt-cinq ans, est un devoir moral. Honorer leur mémoire est essentiel pour lutter contre l'oubli et défendre les principes républicains de liberté, d'égalité et de fraternité. C'est aussi un acte de construction pour la démocratie et la paix en Europe.
En célébrant leur mémoire, nous invitons chacun à réfléchir et à tirer des enseignements précieux de leur engagement et des valeurs qu'ils ont défendues. La crise que nous traversons aujourd'hui ravive la peur, la xénophobie, le racisme et le populisme, des idéologies de haine qui, nous l'espérons, auraient dû être anéanties par les sacrifices d'il y a 85 ans.
Continuons ce chemin ensemble, sans jamais oublier celles et ceux qui ont combattu jusqu'à la victoire de 1945. Nous saluons avec reconnaissance, au nom des Houlloises et des Houllois, les représentants présents aujourd'hui.